Revue Française d’Allergologie : Étude rétrospective (2007–2022) des causes de dermatites allergiques de contact en Algérie identifiées par la batterie standard européenne : à propos de 202 cas

La batterie standard européenne (BSE) des tests épicutanés est l’outil incontournable et idoine pour l’exploration allergologique des patients suspects de dermatite de contact allergique. L’objectif principal de notre étude était de définir les caractéristiques épidémiologiques, cliniques et le profil des sensibilisations aux allergènes de contact de la BSE chez tous les patients ayant bénéficié d’une exploration allergologique de contact dans un cabinet d’allergologie en Algérie durant une période de 15 ans (de 2007 à 2022). Il s’agissait de générer une cartographie des dermatites allergiques de contact de l’Est Algérien, venant soutenir les actions de prévention à l’échelle nationale.

Méthodes

Notre étude était rétrospective descriptive monocentrique, réalisée dans un cabinet médical d’allergologie et d’exploration allergologique de ville à Constantine, Algérie. Elle portait sur l’ensemble des BSE réalisées au cours de la période allant de mars 2007 à février 2022 chez des patients primo consultants ou orientés pour tests épicutanés.

Résultats

Deux cent deux patients suspects de dermatites de contact étaient testés, leur âge variait entre 3 et 75 ans, 125 étaient des femmes (61,9 %) et 77 des hommes (38,1 %). Un total de 138 (68,8%) patients (45 hommes, 93 femmes) présentaient une positivité à un ou plusieurs allergènes. Cinquante-huit patients (42 %) avaient une réaction positive à plus de deux allergènes de contact. Les réactions positives les plus courantes étaient observées avec le nickel (30,2 %), le cobalt (28,2 %), le bichromate de potassium (27,2 %), le myroxylon pereirae (9,9 %) et le fragrance mix I (8,4 %). La sensibilité au nickel était plus fréquente chez les femmes (p < 0,0001), la sensibilité au bichromate de potassium était plus fréquente chez les hommes (p = 0,01).

Conclusions

La répartition des différentes causes d’allergie de contact identifiées grâce à la BSE était superposable à ce qui est observé en Europe et permettait de définir, selon le profil de sensibilisation des patients inclus dans notre étude, les causes les plus fréquentes des dermatites de contacts allergiques au sein de notre population. En revanche, l’émergence de nouveaux allergènes de contact ne pourra être identifiée qu’à la condition de la mise en place en Algérie d’un réseau d’allergo-vigilance comme cela existe en Europe, permettant à la fois de faire évoluer la composition des tests cutanés et de détecter de nouveaux risques allergiques au sein de la population.